Les lettres de noblesse

Lettres de Noblesse pour les sieurs
Jean Baptiste Paul et Charles François
JAHAM DESFONTAINES

l’un Major et l’autre Capitaine
des Grenadiers des Milices de la Martinique

Louis, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre, à tous, présents et absents, Salut.

 

De toutes les récompenses auxquelles un particulier puisse prétendre par ses services, il n’en est point qu’annonce avec plus d’éclat, d’un côté la Puissance et la Majesté du Souverain, de l’autre le mérite du service que l’anoblissement, qui en élevant un citoyen au dessus de ses pareils, transmet encore cette faveur à sa Postérité. Elle doit pour cette raison, préférablement à toute autre, être décernée à ces citoyens généreux qui ont exposé leur vie pour le service de l’Etat, ou sacrifié leur repos au Bien Public.

C’est ainsi que nous nous proposons de témoigner à nos chers et bien aimés, les sieurs Jean Baptiste Paul Jaham Desfontaines, Major et Charles François Jaham Desfontaines, ancien Capitaine des Grenadiers des Milices de la Martinique, la satisfaction des services qu’eux et leurs ancêtres depuis Mil Six Cent Cinquante ont rendu à notre colonie de la Martinique, notamment le sieur Jaham de Vertpré, qui était passé en Mil Six Cent cinquante dans cette Isle a contribué à sa prise par sa valeur et son habilité. En Mil Six Cent Cinquante Quatre, il a défait un parti de sauvages de l’Isle de Saint Vincent qui avaient massacré plusieurs français. En Mil Six Cent Cinquante Neuf, il a encore marché contre ces mêmes sauvages et les a forcés à conclure un traité de paix auquel ils n’ont depuis osé porter atteinte. En Mil Huit Cent Soixante Un, les sauvages de la Martinique ayant défait l’officier (1) qui commandait au Vent de l’Isle, ledit sieur Jaham de Vertpré les a battus et chassés de l’Isle. En Mil Six Cent Soixante Sept, il a été envoyé au secours de l’Isle de Saint Christophe qui était assiégée par les Anglais, il y a donné les plus grandes preuves de sa valeur. Le Fort Royal de la Martinique ayant été attaqué en Mil Six Cent Soixante Quatorze par les Hollandais, le dit sieur Jaham de Vertpré s’est enfermé dans ce fort à la tête de sa famille et du Détachement de la Capesterre et il a obligé les ennemis à lever le siège et à se rembarquer. Le dit sieur Jaham de Vertpré ne s’est pas borné au seul mérite militaire; il a été encore très utile à la colonie, soit comme commandant, soit en qualité de Conseiller au Conseil Supérieur. Trois de ses petits fils ont été tués en combattant pour la défense de la colonie. Les sieurs Jean Baptiste Paul et Charles François Jaham Desfontaines, arrière petit fils du sieur Jaham de Vertpré nous ont servi avec le même zèle et la même valeur, l’un en qualité de Major et l’autre en qualité de Grenadiers des Milices de la Martinique, notamment pendant le dernier siège

 Savoir faisons que pour ces causes et autres bonnes considérations … (illisible) …de l’avis de notre conseil et de notre grâce spéciale, pleine puissance et autorité royale, Nous avons par ces Présentes, signées de notre main, anobli et anoblissons les sieurs Jean Baptiste Paul et Charles François Jaham Desfontaines Et en titre et qualité de nobles Décorés et Décorons, Voulons et …(illisible)…qu’ils soient tenus, censés et réputés, comme nous les tenons, censons et réputons pour tels, ensemble leurs enfants et Postérité tant mâles que femelles, nés et à naître en légitime mariage, de même que ceux qui sont issus de noble Race et que les dits sieurs Jean Baptiste Paul et Charles François Jaham Desfontaines et leur Postérité …(1 ligne illisible)…et réputés pour noble et gentilshommes …(illisible)…qu’ils puissent prendre en tous lieux et en …(illisible) ….tous degrés de Chevalerie ….(illisible) ….à notre noblesse, qu’ils jouissent et usent de tous les Droits, prérogatives, privilèges, franchises, libertés, prééminences, exemptions et immunités dont jouissent et accoutumé de jouir les autres nobles de notre Royaume, comme aussi qu’ils puissent acquérir, tenir et posséder toutes sortes de fiefs, terres et seigneuries de quelque nature, titres et qualités qu’elles soient et , en outre, avons permis aux dits sieurs Jean Baptiste Paul et de Charles François Jaham Desfontaines, et à leurs enfants, Postérités et descendants de porter les armoiries timbrées telles qu’elles sont Réglées et Blasonnées par le sieur d’Hozier de Sérigny, Juge d’Armes de France, et qu’elles sont peintes et figurées dans ces Présentes auxquelles son acte de Règlement sera attaché sous le contre scel de notre chancelier, avec pouvoir de les faire peindre, graver et inculper en tels endroits de leurs maisons, terres et seigneurie que bon leur semblera, sans que pour raison du dit anoblissement les dits sieurs Jean Baptiste Paul et Charles François Jaham Desfontaines, leurs enfants, Postérités et descendants soient tenus de nous payer, ni à nos successeurs Roi aucune finance ni indemnité dont à quelque somme qu’elle puisse monter, Nous leur avons fait et faisons don par ces dites Présentes, à la charge toutefois par eux de vivre noblement et sans déroger à la dite qualité.

Si donnons en Mandement à nos aimés et féaux Conseillers, Les Gens tenant notre cour de Parlement en Chambre des Comptes à Paris, Présidents, Trésoriers Généraux de finance au Bureau de nos finances établi au dit lieu Mandons pareillement aux officiers de notre Conseil Supérieur en notre dite Isle de la Martinique, à tous autres, nos officiers et justiciers qu’il appartiendra, que ces présentes, ils ayent à faire …(illisible)…Registre et du ….(illisible)…Sceller jouir et user les dits sieurs Jean Baptiste Paul et Charles François Jaham Desfontaines, Eux, leurs Enfants, Postérités et lignés mâles et femelles nés et à naître en légitime mariage, pleinement, paisiblement et perpétuellement, cessant et faisant cesser tous troubles et empêchements quelconques nonobstant tous …(illisible)…, Déclarations, Ordonnances, Règlements ,Arrêts, clameur de bars, charte, …(illisible).. Lettres et autres choses à ce contraires, auxquelles et aux dérogatoires des dérogatoires y contenus, Nous avons expressément dérogé et dérogeons par ces présentes, pour ce regard seulement et sans tirer à conséquence. Car tel est notre plaisir, et afin que ce soit chose ferme et stable à toujours, et Nous avons fait mettre notre scel à ces dites Présentes.

Donné à Versailles, au mois de janvier l’an de grâce Mil Sept Cent Soixante Quatorze, et de notre Règne, Le Cinquante huitième

Signé : Louis

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Au dos de l’Acte :

Par le Roi

Signé  Bourgeois de Boynes

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Enregistré au greffe du Conseil Souverain de la Martinique en ce jour de ce 5 juillet 1775

Signé : Dubuc

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Note (1) : Il s’agit de Guillaume d’Orange